Un ancien de la 2ème DB remet une dague à des officiers allemands

Joseph Néaviner remet la dague au lieutenant-colonel Hunke

L’histoire

Une émouvante cérémonie s’est tenue, mercredi soir, à l’espace Ferrié, musée des transmissions, en présence de militaires allemands et français.

Joseph Naviner, le délégué régional de l’association des anciens de la 2 e division blindée du général Leclerc, a remis au lieutenant-colonel Dirk Hunke, officier de liaison allemand à l’école des transmissions, une dague ayant appartenu à un officier de marine allemand. Elle sera remise au musée d’histoire militaire de la bundeswher, Dresde.

En 1945, Joseph Naviner était un soldat de 18 ans

« Lors des combats, nous faisions ce que l’on appelle des prises de guerre parmi les prisonniers. Un jour, j’ai échangé cette dague contre un pistolet avec un gars de mon régiment. Je l’ai gardée longtemps, la regardant et me demandant comment je pourrais la rendre à son propriétaire car elle portait un nom et une date » explique Joseph Naviner.

Malgré leurs recherches des mois durant, les officiers de la Bundeswher ont cherché une trace. En vain. C’est pourquoi Joseph Naviner de leur transmettre, à eux, ce trophée. Une manière, pour lui, de se libérer : « C’est pour moi une forme de respect pour lui. »

Et c’est aussi la concrétisation d’une longue réflexion.

« Quand, en 1963, le président Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer ont signé ce traité de l’Élysée pour que la coopération franco-allemande soit le scellement d’une amitié, j’ai pensé que c’était très bien. Ils ont renforcé en moi la direction que je prenais. Un peu plus tard, j’ai écrit à Hervé Morin, alors ministre de la défense pour lui dire ma satisfaction d’apprendre qu’un régiment allemand allait stationner en France » confie, la voix assurée, le vieux soldat âgé de plus 80 ans.

« Devoir de soldat »

Mais, alors que les mots défilent, que les souvenirs reviennent par vagues, Joseph Naviner ne peut contenir l’émotion qui emplit, peu à peu, ses yeux, rend plus lent le verbe : « Durant la campagne pour la libération de la France, je combattais avec Régiment de marche du Tchad, le régiment d’infanterie mécanisée de la 2 e Division blindée du général Leclerc. Si beaucoup de mes camarades sont morts, en face, on avait des gars qui faisaient, comme nous, leur devoir de soldat. Je l’ai mesuré. Le temps a passé et, il y a quelques années, j’avais décidé de me rendre sur les tombes de ces soldats allemands qui sont tombés sous mes balles, dans la nuit du 29 au 30 novembre 1944, à Kraft. Mais, je n’ai jamais pu retrouver leur trace. J’ai toujours voulu essayer de concrétiser le vouloir du rapprochement. »

Joseph Naviner regarde silencieusement le colonel Hunke puis le questionne : « J’espère que vous ne m’en voulez pas ? » L’officier allemand lui répond par un sourire de compassion : « Mes grands-pères ont fait la guerre de l’autre côté. Je ne sais pas combien de fois ils ont appuyé sur la détente… »

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