Philippe LECLERC – épisode 2 – Avant la Guerre

Après St Cyr, il entre alors à l’École d’application de la cavalerie de Saumur, dont il sort en 1925, là encore, en étant major.

Il épouse la même année, le 10 août 1925, Thérèse de Gargan qui a pour arrières-grands-parents le baron Théodore de Gargan et son épouse Marguerite de Wendel. Son père lui offre le Chateau de Tailly l’Arbre à Mouche dans la Somme entre Poix et Airaines.  Ils auront six enfants : Henri (1926-1952, Mort pour la France), Hubert, Charles, Jeanne, Michel et Bénédicte.

Depuis 1918 (et jusqu’en 1930), la Sarre est sous occupation française en conséquence du Traité de Versailles (1919) faisant suite à la Première Guerre mondiale. Le jeune Philippe de Hauteclocque a pour première affectation le 5e régiment de cuirassiers à Trèves ; après y avoir passé un an, il obtient une affectation au 8e Spahis, au Maroc.

Pour rappel la France est présente en Algérie (1830), en Tunisie (1882) et au Maroc (1912). Le protectorat sur le Maroc doit faire face à une insurrection menée par Abd el-Krim. La pacification (rallier les tribus insoumises), confiée d’abord au maréchal Lyautey, s’achève en 1934. Le lieutenant de Hauteclocque choisit une affectation au Maroc à Taza en 1926.

 En septembre 1927, il rejoint l’école des officiers marocains de Dar el-Beïda, créée en 1918 par Lyautey pour former les cadres des troupes. Professeur d’instruction générale et instructeur de cavalerie, il emploie ses loisirs à étudier la société musulmane auprès de ses élèves et à perfectionner sa pratique des langues arabe et berbère. Il reçoit ses élèves dans sa propriété de Tailly.Dar el-Beïda a été, pour lui, un lieu riche d’échanges culturels. Il est séduit par le Maroc traditionnel.

En 1929, impatient d’opérer en zone insoumise, il rejoint M’Zizel, comme commandant du 38eme Goum. Il est cité à l’ordre de l’armée pour son courage lors du combat de Taguendoust le 13 juillet 1930.

Il devient instructeur à l’École de Saint-Cyr en 1931.

Lors d’un exercice à cheval, sa jambe se casse sous sa monture ce qui lui vaudra d’utiliser une canne tout le reste de sa vie.

En 1933, profitant des vacances, il embarque, à ses frais, sur un Latécoère assurant la liaison Toulouse-Rabat. Courtcircuitant le commandant supérieur des troupes du Maroc, il obtient le poste d’adjoint au commandant d’un goum pour l’attaque du Kerdouss à laquelle il participe pendant un mois et se distingue le 11 août au combat d’Aghbalou.

Philippe de Hauteclocque obtient une palme supplémentaire à la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs.

Cet épisode atypique dans la vie d’un lieutenant de l’époque révèle un meneur d’hommes qui n’hésite pas à monter en première ligne avec ses soldats.

Au cours d’un second séjour au Maroc, il est promu capitaine en 1934, et obtient la Légion d’honneur. En 1938, il réussit le concours d’entrée à l’École de Guerre (appelé Collège interarmées de défense entre 1993 et 2011), dont il sort major en 1939.

Doté d’une solide culture historique et politique, Hauteclocque s’inquiète très tôt du péril nazi et de la politique d’expansion pratiquée par Hitler à partir de 1935.

Hauteclocque est plus un officier instructeur qu’un officier de troupe. Il passe treize ans en Ecoles Il est reçu major à l’Ecole de Guerre en 1938 et le reste à l’issue de la première année, la guerre interrompant la formation.

Comme Juin, Koenig ou de Lattre de Tassigny, il est le modèle de l’officier préférant l’action dans les combats au Maroc à la vie de garnison en France. Il a fait sienne le précepte du père de Foucauld « se commander à soi-même ».

Son premier officier supérieur le juge ainsi : « Comme il a du tempérament et une forte personnalité, il demande à être commandé avec doigté… ». Il est exigeant envers lui-même comme envers ses hommes.

Hauteclocque laisse poindre Leclerc.

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